Un nouveau vaccin contre le chikungunya doit être testé en Afrique de l'Ouest pour en vérifier l'efficacité, selon les scientifiques.


Une réaction rapide s'impose face à la nouvelle variante à l'origine d'une épidémie de grande ampleur. Des scientifiques africains demandent que le nouveau vaccin très attendu contre le chikungunya soit testé sur l'homme au Sénégal, à la suite de la détection d'une nouvelle souche du virus qui est à l'origine de l'une des plus importantes épidémies de la maladie en Afrique de l'Ouest.

Abdou Padane, chef de l'Unité de surveillance génomique de l'IRESSEF.Crédit : CERI@SU

By Di Caelers

Tulio de Oliveira, directeur du ‘Center of Epidemic Response and Innovation’ (CERI) de l'université de Stellenbosch en Afrique du Sud, explique qu'il est essentiel de déterminer l'efficacité du vaccin, actuellement approuvé aux États-Unis, contre la nouvelle variante.

La variante du chikungunya au Sénégal a été identifiée dans les semaines qui ont suivi le premier cas, en juillet 2023, grâce à un solide programme de surveillance génomique créé dans le cadre d'une collaboration entre le CERI, le plus grand centre de génomique d'Afrique, et l'Institut de recherche en santé, de surveillance épidémiologique et de formations (IRESSEF) du Sénégal.

Abdou Padane, qui a reçu entraînement au CERI et dirige le département de surveillance génomique à l'IRESSEF, explique que son équipe a identifié la nouvelle souche du génotype d’Afrique de l’Ouest du chikungunya pendant une enquête des cas à Ndiormi et Bandafassi dans le district de Kedougou.

Houriiyah Tegally, responsable de la science des données au CERICrédit : CERI@SU

Au moins 300 cas ont été confirmés et M. Padane indique que l'épidémie semble se propager vers le nord, des cas ayant été identifiés dans des zones plus urbaines du Sénégal.

Le chikungunya, un arbovirus transmis par les moustiques Aedes, est connu pour provoquer une fièvre aiguë et des douleurs musculo-squelettiques à long terme et peut entraîner la mort. La sous-déclaration est fréquente en raison des capacités de diagnostique limitées dans les zones rurales et parce que les symptômes cliniques reflètent souvent ceux de maladies telles que le paludisme.

Ces tout premiers génomes entiers produits au Sénégal et rendus publics, accompagnés d'un rapport scientifique détaillé en l'espace de quelques semaines seulement, marquent une avancée significative par rapport aux génomes précédents, qui ont pris huit ans et ont dû être séquencés aux États-Unis, a déclaré M. De Oliveira.

'Ce travail a été réalisé en Afrique par des Africains en temps réel', a-t-il ajouté.

Mais il a soulevé des questions quant à l'efficacité du nouveau vaccin contre le Chinkungunya, qui provient d'une "partie très distincte de l'arbre évolutif du Chinkungunya". Cette souche est différente de la souche ‘East-Central-South Africa’ (ECSA) du virus, que le vaccin utilise.

'Nous pensons que le vaccin actuel sera toujours efficace, mais il serait judicieux de le vérifier en situations réelles', a insisté M. De Oliveira.

Les scientifiques ont également averti que l'épidémie de chikungunya au Sénégal survient alors que les températures augmentent fortement dans le pays, en particulier dans le district de Kedougou. La proximité des habitats humains avec les zones forestières a créé des conditions idéales pour une transmission amplifiée, a déclaré M. Padane.

Houriiyah Tegally, responsable de la science des données au CERI, a déclaré que ce travail de collaboration était un exemple de l'objectif de son centre, qui est d'aider les pays africains à renforcer d'urgence les stratégies de surveillance et de préparation aux maladies infectieuses émergentes, en particulier dans le contexte du changement climatique.

doi: https://doi.org/10.1038/d44148-024-00057-2

News date: 2024-02-16

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https://www.nature.com/articles/d44148-024-00057-2